Quand la culture devient stratégie : l’Union Africaine et l’UNESCO misent sur le soft power africain”
🧠 Entre diplomatie, croissance économique et influence internationale, le soutien aux industries culturelles devient une arme d’attractivité continentale. Analyse d’un tournant géostratégique majeur.
⸻
📍 Rubrique : Focus – Branding Pays & Influence institutionnelle
⸻
🌍 Une alliance stratégique au cœur de la nouvelle bataille de l’influence
L’Afrique est aujourd’hui au centre d’une révolution silencieuse : celle du soft power culturel. Dans cette dynamique, l’Union Africaine (UA) et l’UNESCO s’associent pour soutenir et structurer les industries culturelles et créatives (ICC) du continent. Bien plus qu’un appui ponctuel, il s’agit d’un plan d’influence structuré, avec une ambition claire : faire des arts, de la culture, des médias et de la créativité africaine un levier économique, politique et identitaire.
⸻
🎯 De la culture à l’économie : un secteur stratégique encore sous-exploité
Selon l’UNESCO, les ICC représentent plus de 2,9 % du PIB mondial, et jusqu’à 30 millions d’emplois directs et indirects à l’échelle de la planète. Mais en Afrique, le potentiel reste en grande partie inexploité : faiblesse des investissements, infrastructures limitées, absence de structuration des filières, manque d’indicateurs, ou encore piratage massif.
C’est pour inverser cette tendance que l’UA et l’UNESCO ont lancé depuis 2022 plusieurs programmes de soutien multinationaux, dont la dynamique s’est accélérée en 2024-2025, notamment à travers :
• Des fonds de soutien aux créateurs et festivals locaux ;
• La création de centres d’excellence pour les ICC en Afrique francophone ;
• Des formations en business culturel et marketing créatif, avec des experts internationaux ;
• Le déploiement de politiques culturelles intégrées dans plusieurs pays pilotes comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Ghana ou encore le Rwanda.
⸻
🎬 Culture = influence : le storytelling africain en mutation
Derrière ces initiatives se cache une compréhension stratégique : la culture est une arme d’influence globale.
• La musique nigériane exporte l’identité africaine.
• Le cinéma sénégalais et ivoirien capte les plateformes internationales.
• La mode africaine inspire les grandes maisons du luxe.
• Les festivals comme le MASA à Abidjan ou le FESPACO à Ouagadougou deviennent des vitrines diplomatiques.
Le soutien de l’UA et de l’UNESCO vient outiller cette dynamique, en offrant aux talents africains des écosystèmes plus solides, et aux États africains des leviers d’image plus puissants.
⸻
🧩 Diplomatie culturelle : un branding de continent en construction
Ce partenariat est aussi une manière pour l’Afrique de redéfinir son image sur la scène internationale. En intégrant la culture comme piliers des politiques de branding pays, les gouvernements gagnent en lisibilité, attractivité et légitimité auprès des diasporas, des investisseurs et des partenaires internationaux.
La Côte d’Ivoire, le Maroc, le Rwanda et l’Afrique du Sud l’ont compris. Ils déploient déjà des campagnes où culture, image nationale et diplomatie s’entremêlent : musées modernes, sponsoring d’événements, cinéma soutenu par les États, communication ciblée sur la jeunesse et les industries créatives.
⸻
📊 Et demain ? Une datafication des ICC pour convaincre les investisseurs
L’un des grands défis à venir sera de mesurer l’impact réel des ICC sur les économies africaines. C’est là qu’interviennent des outils de data marketing, d’open data culturel, d’analytique d’audience et de mesure d’impact social.
Sans données fiables, pas de financement structuré.
Sans visibilité économique, pas de pérennisation des politiques culturelles.
L’UA et l’UNESCO œuvrent ainsi à créer une nouvelle architecture continentale des ICC : une structure hybride, mêlant créativité, diplomatie, technologie et entrepreneuriat culturel.
⸻
🔚 Conclusion : la culture comme diplomatie, la diplomatie comme investissement
En soutenant les ICC, l’Union Africaine ne fait pas de la philanthropie. Elle pose les bases d’un branding continental, où chaque film, chaque concert, chaque créateur devient un ambassadeur de l’Afrique qui gagne.
C’est un pari sur l’image, mais aussi sur le futur : un futur où l’Afrique ne sera pas seulement un marché de consommation, mais bien un exportateur d’identité, d’influence et de valeur culturelle.
